Il s’agit d’u nouveau projet qui germine tranquillement depuis quelques temps. Voici le premier portrait de cette série, que je compte écrire avant de quitter Bruxelles. Je me base sur des personnes réelles que je croise au coin de la rue, dans un magasin, sur une place et je leur invente une histoire en fonction de leur manière d’interagir avec d’autres personnes, de leur voix, de ce qu’elles dégagent. Les prénoms sont bien entendus des noms d’emprunt =)
Vous me direz si le concept vous plaît, d’ici là, bonne lecture
Tomas aime parler. De tout et avec tout le monde.
Il s’assied à la terrasse de son café préféré, un bar espagnol où il a établi ses quartiers.
D’une ponctualité sans failles, il arrive tous les jours de la semaine à 8h15 et ne repart que quand il n’a plus personne à qui parler, ou plus exactement, quand il n’y a plus une oreille pour l’écouter.
Car il aime parler, mais surtout, il aime qu’on l’écoute. Il lui faut un auditoire.
Géopolitique, histoires du quartier, musique, art, Tomas est infatigable. Ses yeux brillent quand il arrive à capter l’attention, ses pupilles semblent s’animer ; c’est un conteur né.
Trump est son héros politique, il ne jure que par le reggae et sait y faire pour décrocher des sourires aux petites vieilles acariâtres du quartier, qui grommellent à longueur de journée que ce n’est plus comme avant, que les visages ont bien changé. Elles ont du mal à accepter l’évolution, mais tolèrent bien Tomas malgré ses t-shirts à l’effigie du Che ou de Bob Marley, ses claquettes usées jusqu’à la corde qu’il porte en hiver et ses shorts trop larges. Il arrive à se faire aimer de tous, tout en ne s’aimant pas lui-même. Est-ce pour cette raison qu’il parle autant ? Pour combler l’amour qu’il n’a pas reçu et qu’il n’arrive pas à s’autoriser. Tomas plaît aux femmes, beaucoup. Mais lui ce qu’il veut, c’est leur raconter des jolies histoires, les faire rire. Le lit ? Il n’a rien contre, à condition qu’il puisse discuter avant, pendant, et même après. Alors forcément, nombreuses sont celles qui se lassent de ne pouvoir profiter des moments sans mots, de ne pouvoir répondre à cet homme aux yeux sombres que par des hochements de tête.
Après chaque rupture, il se renferme, reste chez lui pendant une semaine et réapparaît avec des nouveaux sujets de discussion comme s’il ne s’était rien passé.
Tomas parle beaucoup, mais le jour où il se taira, sera le jour où il s’aimera et s’ouvrira au silence amoureux.
